Les qualités de l'âme qui rendent l'homme semblable à Dieu

LES QUALITÉS DE L’ÂME QUI RENDENT L’HOMME SEMBLABLE A DIEU

Chant IV- Versets 1-3
Le bienheureux Seigneur dit :
L’intrépidité, la pureté du cœur, la fermeté dans la connaissance et la pratique du yoga, la charité, la maîtrise des sens, la pratique des rites sacrés, l’étude des écritures, l’autodiscipline, la droiture, la non-violence, la sincérité, l’absence de colère, le renoncement, la paix, l’absence de calomnie, la compassion pour toutes les créatures, l’absence de convoitise, la douceur, la modestie, l’absence d’agitation, le rayonnement du caractère, l’indulgence (le pardon), la patience, la pureté ,l’absence de haine, l’absence de vanité  – ces qualités sont la richesse d’une personne d’inclinaison divine, ô descendant de Bharata.

LES PORTE-PAROLES DIVINS S’EXPRIMENT TOUJOURS EN TERMES ABSOLUS, non pour décrire ce qui se situe au-delà du dévot aspirant, mais pour l’inciter à l’effort. Le chant XVI cite les qualités bonnes, ou sattviques, qui amènent le dévot à la Réalisation de Soi et met en exergue les tendances mauvaises, ou tamasiques, qui empêchent l’homme d’atteindre la divinité. Les versets 1-3 contiennent une liste de 26 qualités ennoblissantes :

1.         L’Intrépidité (abhatyam) est mentionnée en premier, car elle est le rocher imprenable sur lequel la maison de la vie spirituelle doit être érigée. Intrépidité signifie foi en Dieu : foi en Sa protection, Sa justice, Sa sagesse, Sa grâce, Son amour, Son omniprésence.
Le dévot spirituellement intrépide est puissamment armé contre tout ennemi entravant son avancement. L’incrédulité et le doute, la première ligne d’attaque de l’illusion, sont expédiés sans plus de procès par la foi inébranlable, tout comme le sont les désirs, et toutes leurs incitations, qui bluffent avec des menaces d’insatisfaction s’ils ne sont pas embrassés.
La peur dérobe à l’homme l’indomptabilité de son âme. Perturbant le fonctionnement harmonieux de la Nature émanant de la source intérieure du pouvoir divin, la peur cause des perturbations physiques, mentales et spirituelles. L’extrême frayeur peut même provoquer un arrêt cardiaque et une mort subite. À long terme, l’anxiété donne naissance à des troubles psychologiques et à une nervosité chronique.
La peur enchaîne l’esprit et le cœur (sentiment) à l’homme externe et amène la conscience à s’identifier avec la nervosité mentale ou physique, maintenant ainsi l’âme concentrée sur l’égo, le corps et les objets suscitant la peur. Le dévot devrait se débarrasser de toutes ses appréhensions en réalisant qu’elles sont les pierres d’achoppement qui entravent sa concentration sur la paix imperturbable de l’âme.
En Inde, tout comme dans la tradition chrétienne, il était habituel dans les temps anciens que les sages recherchent des résidences solitaires dans les forêts, les déserts ou les montagnes afin de méditer sans interruption. Ces lieux éloignés, libres d’invasion civilisée, constituaient l’habitat naturel de créatures comme les serpents, les scorpions et les animaux sauvages prédateurs. Aujourd’hui encore, nous grandissons accompagnés par les récits inspirants de témoins oculaires qui relatent que des saints solitaires vivent avec pour seuls compagnons des cobras et des serpents qui recherchent placidement la chaleur contre leur corps ou que des tigres redoutables sont devenus des « chatons ». Et qui n’a pas écouté avec ravissement l’histoire de Saint-François-d’Assise qui avait dompté la soif de sang du loup de Gubbio ? Les animaux sont conscients des vibrations divines émanant des saints. Les saints connaissant Dieu voyant le Seigneur en toute chose – non parce qu’ils l’imaginent mais parce qu’ils le réalisent – ils n’abritent aucune peur et ils ne suscitent pas de peurs défensives dans le royaume des créatures de Dieu.
Pour le non-illuminé, la prudence accompagnée de courage constitue le meilleur des conseils – cultiver l’intrépidité en esprit sans s’exposer imprudemment à des risques non nécessaires ou à des conditions pouvant susciter des appréhensions. Il est donné à chacun d’amples opportunités, sans qu’elles aient été volontairement créées, de démontrer son courage et de prouver le pouvoir de la foi.
La mort représente peut-être le défi ultime posé par la foi à l’homme mortel. Il est insensé d’avoir peur de cette inévitabilité. Elle ne se produit qu’une fois dans une vie et après qu’elle s’est produite, l’expérience est terminée, sans qu’elle ait affecté notre véritable identité ou diminué d’une quelconque façon notre être réel.
La maladie est également un gantelet jeté aux pieds de la foi. Une personne malade devrait essayer honnêtement de se débarrasser de sa maladie. Même si les médecins proclament qu’il n’y a pas d’espoir, elle devrait rester tranquille, car la peur ferme les yeux de la foi à l’omniprésente et compatissante Présence Divine. Au lieu de céder à l’anxiété, elle devrait affirmer : « Je suis toujours en sécurité dans la forteresse de Ton affectueuse attention ». Un dévot intrépide, succombant à une maladie incurable, se concentre sur le Seigneur et se prépare à être libéré de la prison physique pour entrer dans un au-delà glorieux dans le monde astral. Ce faisant, il se rapproche du but de la libération ultime dans sa prochaine vie. Un homme qui meurt dans la terreur, en ayant abandonné au désespoir sa foi en Dieu et le souvenir de sa nature immortelle, amène dans sa prochaine incarnation ce sombre schéma de peur et de faiblesse. Cette empreinte peut tout à fait lui attirer des calamités similaires – qui seront la poursuite d’une leçon karmique qui n’a pas encore été apprise. Cependant, le dévot héroïque, bien qu’il puisse perdre le combat engagé avec la mort, gagne la bataille de la liberté. Tous les hommes sont censés réaliser que la conscience de l’âme peut triompher de tout désastre externe.
Lorsque la peur subconsciente envahit l’esprit de façon répétitive malgré une forte résistance mentale, elle indique alors la présence d’un schéma karmique profondément ancré. Le dévot doit essayer encore plus fort de détourner son attention de la peur en infusant à son esprit conscient des pensées de courage. Plus important encore : il devrait en outre se remettre entièrement dans les mains dignes de confiance de Dieu. Pour être prêt à se réaliser, il faut être sans peur.

2.         La Pureté du cœur (sattva-samshuddi) signifie la transparence à la vérité. La conscience devrait être libre des distorsions de l’attachement et de la répulsion vis-à-vis des objets des sens. Les goûts et les dégoûts pour les choses externes teintent le cœur de vibrations grossières. Le cœur ou chitta ne devrait pas être influencé par les paires d’opposés ; ce n’est qu’ainsi qu’il connaîtra la divine grâce de la méditation. Jésus dit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ![1]

3.         La Détermination dans la recherche de la sagesse et la pratique du yoga (jnana yoga vyavasthiti) est essentielle pour atteindre la libération. Dans sa vie quotidienne, le dévot devrait appliquer la sagesse transmise par le guru ou les écritures et s’immerger dans la paix née de la pratique régulière des techniques de yoga. La sagesse empêche le dévot qui raisonne et perçoit justement de tomber dans le gouffre de l’ignorance et des plaisirs des sens.

4.         L’Aumône (dana) ou la charité est méritoire. Elle élargit la conscience. Le désintéressement et la générosité relient l’âme du donneur aux mains ouvertes à la présence de Dieu dans toutes les âmes. Elle détruit l’illusion de la propriété personnelle dans ce drame rêvé de la vie dont le seul propriétaire est le Rêveur Cosmique. L’abondance de la Terre est simplement un prêt que Dieu nous a consenti. Ce qu’il nous a donné en garde est utilisé judicieusement lorsque cela sert nos besoins et efface nos souffrances et ceux des autres. De son cœur élargi, le véritable dévot souhaite spontanément partager avec les autres ses possessions, ses connaissances et la clairvoyance de son âme. Son désintéressement est le dépassement naturel de ceux qui aiment Dieu et réalisent son immanente omniprésence. Jésus pleurait pour les ignorants, les pauvres et les affligés parce qu’il voyait Dieu souffrir en eux. Ceux dont les sentiments sont devenus universels, qui sont devenus uns avec l’amour et la compassion donnent leur vie et leur tout au service de Dieu et de ses Enfants.
Donner de l’argent à des personnes pauvres qui l’utiliseront pour se blesser elles-mêmes en achetant de l’alcool au lieu de pain encourage le péché. De la même manière, des perles de sagesse ne devraient pas être jetées à des hommes mentalement rebelles et inconscients de leur valeur. Mais le dévot discriminant qui partage sagement sa richesse, sa sagesse et ses trésors spirituels au profit de ceux qui en ont besoin, qui en sont dignes et qui sont réceptifs se prépare à la libération.

5.         La Maîtrise des sens (dama) est le pouvoir de contrôler les sens lorsqu’ils sont excités par les plaisantes sensations procurées par la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût ou le toucher. Un dévot qui est maître de ses sens est prêt pour l’émancipation. Celui qui succombe aux tentations restera prisonnier des objets des sens, éloigné de la connaissance de l’âme. Toute indulgence à l’égard de toute forme de leurre sensoriel renforce le désir de cette expérience. La répétition entraîne la formation de mauvaises habitudes quasiment inébranlables.

6.         Les Rites religieux (yajnas) sont prescrits dans les Vedas et d’autres grandes écritures. Un dévot, en fonction de son état de développement, peut accomplir le rite physique symbolique consistant à verser du beurre clarifié dans le feu ou le rite mental consistant à brûler les désirs injustes dans les flammes de la sagesse ou le rite spirituel du yogi consistant à consommer l’agitation humaine dans le feu de l’extase spirituelle.
Au bout du bout, la vie tout entière devrait être un yajna, où chaque pensée et chaque acte sont purifiés par un cœur pieux et offerts en sacrifice à Dieu.

7.         L’Etude correcte des écritures (svadhyaya) mène à l’émancipation. Un vrai dévot ne souffre pas d’indigestion mentale comme quelqu’un qui se gorge de traditions écrites sans comprendre leur signification et sans les intégrer à sa vie. L’étude théorique est utile quand elle inspire à un dévot la pratique des enseignements saints. Les pensées empreintes de sagesses sont des guides et des protecteurs fidèles lorsqu’ils deviennent des compagnons constants.
À toutes les époques, des conflits ont existé entre les connaisseurs théoriques des écritures – les prêtres professionnels – et les hommes dotés d’une vraie clairvoyance spirituelle. Les pédants qui manquent de réalisation intérieure, mais qui se vantent de leur érudition sont souvent jaloux des hommes de Dieu qui vivent la vérité et les persécutent. Jésus a ainsi rencontré l’opposition des Pharisiens et de nombreux saints en Inde ont été maltraités par des experts érudits, comme cela a été le cas du divin Sri Chaitanya.
La rédemption ne vient pas de ce que l’on sait intellectuellement, mais ce que l’on devient du fait de ce savoir. Il doit exister une connexion rationnelle entre ce que l’on apprend et ce que l’on est, de manière à ce qu’une vérité devienne une partie intégrante de l’être et ne puisse pas en être délogée par des tentations contraires ou des doutes. Ceci est l’apprentissage intuitif ou la réalisation.

8.         L’Autodiscipline (tapas) inclut le célibat, la modération de l’appétit et différentes méthodes afin d’entraîner le corps à résister au froid, à la chaleur et à d’autres inconforts sans qu’il en résulte l’habituelle agitation mentale. Lorsque cela est pratiqué avec discrimination et la juste résolution, ces mortifications aident le dévot à accorder son corps et son esprit aux vibrations spirituelles.
Autodiscipline ne signifie pas autotorture. Les exhibitions étonnantes, comme celles des « fakirs » sur des lits de clous pointus, ne concourent pas à l’atteinte de tapas. L’objet profond de tapas est de changer en l’homme son « mauvais goût », qui lui fait préférer des plaisirs sensoriels transitoires à la béatitude éternelle de l’âme. Une certaine forme d’autodiscipline est nécessaire afin de transmuter les désirs matériels en aspirations spirituelles. En pratiquant tapas et méditation, le dévot se donne à lui-même un standard de comparaison entre les deux sortes de plaisir : physique et mental d’un côté et spirituel de l’autre.
Un homme habituellement paresseux forcé à devenir travailleur journalier ressent une détresse physique inconnue de ceux qui sont habitués à travailler dur. De manière similaire, le dévot qui s’astreint à suivre un chemin d’abnégation ressent au début des souffrances physiques et psychologiques. Ignorant la rébellion de son égo identifié au corps physique, il devrait graduellement s’habituer à la vie exigeante d’un athlète spirituel. S’il poursuit l’action purificatrice de tapas, il trouvera non pas le tourment qu’il avait craint, mais une paix et une joie profondes.

9.         La Droiture (arjavam) est une qualité des hommes honorables. Elle dénote la sincérité. Les yeux qui voient Dieu sont honnêtes et simples. Celui qui est exempt de ruse peut voir l’Innocence Absolue.
Un hypocrite n’est pas en accord avec l’univers. Cachant des motifs égoïstes sous un déguisement d’altruisme, faisant de fausses promesses, injuriant les autres tout en prétendant être proche d’eux, un hypocrite sème le désastre au regard de la loi cosmique.
Le dévot aspirant s’efforce d’être libre de fourberie et de malhonnêteté. Afin de reconquérir le sahaja ou l’état naturel de son être véritable, il se rend aussi ouvert et candide que le soleil.

10.     La Non-Violence (ahimsa) est glorifiée dans les écritures hindoues. Dans la Bible, l’un des dix commandements est : « Tu ne tueras point ». Cette interdiction se réfère à la destruction injustifiée d’une créature de Dieu : être humain, animal ou plante. Mais l’économie universelle est arrangée de telle manière que l’homme ne peut vivre sans « tuer » des végétaux pour s’alimenter. Les Eskimo ne peuvent pas vivre sans manger de viande de phoque. Lorsqu’il s’agit d’une urgente question de survie, il est justifié qu’un homme sauve sa propre vie plus précieuse en tuant des poissons et des animaux qui sont des manifestations inférieures de la Divinité. Chaque jour des millions de bactéries périssent dans le corps humain. Personne ne peut boire un liquide quelconque ou respirer de l’air sans détruire de nombreuses formes de vie microscopiques (et parfois ces organismes répondent de la même façon).
Dans le mahabharata, il est fait référence à ahimsa comme une « vertu entière » (sakalo dharma). Si la justesse est le critère qui prévaut, négliger une action destinée à soutenir les lois éternelles de la justesse Divine peut se révéler plus nuisible qu’un préjudice dénué de malveillance résultant d’un acte d’obstruction du mal. Méthode et motif sont souvent des éléments décisifs dans la balance de la Justice Divine.
Durant une visite à l’ashram de Mahatma Gandhi en 1935, je demandai au prophète de la non-violence qu’elle était sa définition d’ahimsa. Il répondit : « Éviter de porter atteinte à toute créature vivante en pensée ou en action ». Un homme de non-violence ne souhaite, ou ne cause, jamais volontairement de mal. Il est le paradigme de la règle d’or : « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent ».[2]

11.     La Vérité (satya) est la pierre angulaire de l’univers. « Les mondes sont bâtis sur la vérité », dit le Mahabharata. Les hommes et les civilisations réussissent ou échouent en fonction de leur attitude vis-à-vis de la vérité.
Une personne honnête est spontanément admirée par tous les hommes de raison. Les écritures hindoues soulignent néanmoins qu’un dévot dont l’idéal est la vérité devrait toujours exercer son jugement et son bon sens avant de parler. Il ne suffit pas de dire simplement la vérité : les paroles prononcées devraient toujours être douces, réconfortantes et bénéfiques pour les autres. Il est généralement préférable que les déclarations blessantes, quelle que soit leur exactitude, ne soient pas prononcées. Plus d’un cœur a été brisé et plus d’une vie bouleversée par des vérités prononcées inopportunément par d’autres. Un sage surveille attentivement ses paroles de peur de blesser ceux qui ne sont pas encore prêts à entendre et à profiter de ses observations véridiques.
Les Vedas mentionnent trois types de vérité. Toutes les valeurs inhérentes à l’homme et à la nature sont des vérités relatives (vyavaharika). Elles influencent les êtres humains durant l’état de veille (jagrat) qui est essentiellement changeant et toujours en évolution.
Toutes les valeurs inhérentes aux rêves ordinaires de l’homme durant l’état de sommeil (svapna), lorsqu’il est en contact avec son esprit subconscient qui évoque des images sous la forme de phénomènes de l’astral, sont des vérités imaginaires (pratibhasika). Elles ont une certaine validité, mais uniquement dans leur propre domaine restreint, qui est beaucoup plus fugace, vague et ambigu que le monde de la matière qui est perçu à l’état de veille.
Durant le sommeil profond sans rêves (sushupti) et dans la méditation samadhi du yogi, l’homme demeure dans sa véritable nature, l’âme, et connait la Vérité Absolue (Paramarthika).
C’est une erreur de penser que les personnes ordinaires ne sont jamais en communion avec Dieu ou la Vérité Ultime. Si tous les hommes ne connaissaient pas occasionnellement l’état de sommeil, sans rêves, même pour quelques minutes, ils ne pourraient pas vivre du tout. La personne moyenne ne se remémore pas consciemment ses expériences d’âme, mais, en tant que partie du Tout Universel, elle doit de temps en temps reconstituer son être à la Source de Vie, d’Amour et de Vérité.
En honorant le principe de la vérité dans ses pensées, ses paroles et ses actions, le dévot se met en syntonie avec la création et avec le Créateur. Dans une plus ou moins grande mesure, toutes les personnes qui rencontrent un tel saint sont élevées par ses vibrations harmonieuses. Le véritable homme de Dieu est libéré des dualités douloureuses et des contradictions de la relativité et il est prêt, enfin, à entrer dans le refuge final de la Vérité Absolue.

12.     L’Absence de colère (akrodha) est le chemin le plus rapide vers la paix de l’esprit. La colère est causée par l’obstruction de nos désirs. Un homme sans désir est sans colère. Celui qui n’attend rien des autres, mais qui se tourne vers Dieu pour son épanouissement, ne peut pas ressentir de colère ou de désappointement envers ses compagnons humains. Un sage est contenté par la connaissance que le Seigneur dirige l’univers et ne considère jamais que quoi ce soit de malséant a été fait. Il est libre de rage, d’animosité et de ressentiment.
Ce monde est un monde de relativité et les saints adaptent parfois leurs actions aux circonstances. Ils font audacieusement, voire même férocement, montre d’une juste indignation si une telle conduite semble susceptible de dissuader les hommes malfaisants de blesser des personnes innocentes. Mais les sages ne ressentent pas de haine envers quiconque, quelle que soit la méchanceté ou l’ignorance dont une personne fait preuve. Un homme Réalisé peut simuler la colère pour une période plus ou moins longue et retourner ensuite en un instant à son calme et à sa bienveillance habituels.
La rage d’un homme ordinaire ne peut pas similairement être abandonnée à volonté et en un instant. Seul le cœur purifié d’un dévot libéré des désirs matériels est véritablement incapable de ressentir de la colère.
Le plus grand « perturbateur de la paix » dans les familles, et entre les nations, est la colère. Un homme enclin à la colère est évité et souvent haï par ses proches. Les fréquentes explosions de colère ont un effet néfaste sur la santé et conduisent souvent à la violence. Cédant aveuglément à la colère, d’innombrables hommes ont commis des crimes qui les ont conduits en prison ou à une sentence de mort. Par souci d’autopréservation, si ce n’est pour des raisons plus élevées, la plupart des personnes apprennent à être prudentes et à contrôler la colère.

13.     Le renoncement (tyaga) est la voie de la sagesse empruntée par le dévot qui abandonne volontairement l’inférieur pour le supérieur. Il renonce aux plaisirs sensoriels transitoires pour connaître des joies éternelles. Le renoncement n’est pas une fin en soi, il prépare le terrain pour la manifestation des qualités de l’âme. Personne ne devrait craindre les rigueurs de l’abnégation, les bénédictions spirituelles qui en découlent sont merveilleuses et incomparables.
S’engager dans des actions sans désirer leurs fruits est le véritable tyaga. Dieu est le Renonçant Divin, car Il mène à bien toutes les activités de l’univers sans s’attacher à elles. Quiconque aspire à la Réalisation – qu’il soit un moine ou un maître de maison – doit agir et vivre pour le Seigneur sans être émotionnellement impliqué dans Son drame de la création.

14.     La Paix (shanti) est une qualité divine. Un véritable yogi, qui est uni à « la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence »[3], est comme une adorable rose qui répand autour d‘elle le parfum de la tranquillité et de l’harmonie.
Toute chose dans le monde phénoménal connaît activités et changements, mais la tranquillité est la nature de Dieu. L’homme en tant qu’âme détient à l’intérieur de lui la même nature de calme. Lorsque dans sa conscience, il peut égaliser et immobiliser les trois états mentaux de bouleversement (les vagues de douleur et d’allégresse et les pics d’indifférence qui les séparent), il perçoit à l’intérieur de lui l’océan placide du calme spirituel de l’âme qui s’élargit à la mer sans limites de la tranquillité de l’Esprit.

15.     L’Absence de médisance et de calomnie (apaishunam) accélère l’évolution spirituelle en libérant l’esprit de sa concentration sur la faiblesse des autres pour se focaliser entièrement sur le travail à plein temps qui consiste à s’améliorer soi-même. Une personne qui, comme un détective, est occupée à observer les erreurs des autres se forme une fausse conviction de supériorité – pensant soit qu’elle est exempte de ces imperfections, soit qu’elle est par ailleurs qualifiée pour évaluer les autres. Une personne critique s’attache rarement à perfectionner sa propre vie.
Un habitué de la critique est comme une mouche asticotant les plaies morales des autres. Un véritable dévot, comme une abeille, recueille le nectar des bonnes qualités dans le cœur de ses compagnons. Jésus a dit : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ?… Ou comment peux-tu dire à ton frère : laisse-moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'œil de ton frère. »[4]
Les diffamateurs malveillants – les mauvaises langues et les calomniateurs – embrassent la notion erronée qu’ils peuvent se rendre plus grands en coupant la tête des autres. Il n’existe au contraire pas de comportement qui induise une diminution de la personnalité plus importante. Les médisants offensent Dieu dans les autres et en eux-mêmes. Les vertueux, modestement, élèvent les autres par leur propre ascension jusqu’aux hauteurs qui dépassent les basses mesquineries des êtres humains qui font montre de moins de grandeur d’âme.
Une personne qui prend plaisir à calomnier et à médire ne connaît jamais le bonheur d’aider les autres par des conseils sages et des encouragements. La dénonciation décourage et met en colère le malfaiteur. Dans leurs cœurs, la plupart des hommes sont conscients de leurs infirmités et de leurs plaies morales. Elles ne peuvent pas être guéries par l’irritante causticité du châtiment, mais seulement par le baume apaisant de l’amour.
Personne ne fait confiance à ceux qui sèment le mal plutôt que le bien : les cancaniers, les sermonneurs, les détecteurs de fragilités chez les autres. Le Seigneur n’expose pas publiquement les manquements de quiconque, mais donne à tous les hommes une conscience et une chance de se corriger dans la privauté de leur âme.
Jésus a conseillé aux futurs exécuteurs d’une femme adultère qui s’apprêtaient à la lapider : « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ».[5] Les accusateurs se rappelant leurs propres transgressions s’éclipsèrent. Les personnes au grand cœur sont toujours disposées, comme le Christ, à libérer les pêcheurs par amour et à éviter la condamnation.

16.     La Compassion envers tous les êtres (daya) est nécessaire à la réalisation divine étant donné que Dieu lui-même déborde de cette qualité. Ceux qui ont le cœur tendre peuvent se mettre à la place des autres, sentir leur souffrance et essayer de l’alléger. Grâce à daya, la loi « œil pour œil, dent pour dent » et les sévères exactions du karma sont modifiées.
Si Dieu ne faisait pas montre de miséricorde et n’accordait pas d’amnisties spéciales et de libérations divines, Ses enfants égarés souffriraient indéfiniment, vie épuisante après vie épuisante. Si un homme essaye par son autodiscipline de se libérer du lourd poids de ses erreurs passées, Dieu vient à son secours. Lorsqu’Il sent que Son enfant se repent suffisamment de ses offenses, Il dissout l’ombre ancestrale du péché instantanément en manifestant la lumière libératrice de Sa présence.
Gautama Buddha était une incarnation de la compassion. Il est dit qu’il avait même offert sa propre vie afin de sauver une chèvre qui avait été préparée afin d’être sacrifiée. Le roi qui exécutait le rite épargna la vie de l’animal et devint un disciple dévoué de « L’Éveillé ».
Le père humain, s’il est entièrement guidé par le principe masculin de la raison, jugera la faute de son fils conformément à la loi. Mais la mère, emplie de la tendresse des sentiments féminins, est un symbole de compassion divine ; elle pardonnera à son fils même s’il est un meurtrier. Les dévots trouvent une rémission abondante de leurs péchés en adorant Dieu en tant que Mère Divine compatissante plutôt que Juge Divin à l’esprit mathématique qui exerce la justice à travers la loi karmique.

17.     L’Absence de convoitise (aloluptvam) est la qualité possédée par quelqu’un qui a maîtrisé ses sens et ne nourrit par conséquent aucun désir pour les plaisirs grossiers et les objets matériels. L’absence de convoitise et l'absence d’envie sont des caractéristiques des vrais dévots, ceux dont les esprits sont absorbés dans les joies intérieures. En comparaison, le monde n’a rien à offrir.

18.     La Douceur (mardavam) est caractérisée par la patience spirituelle. Dieu est toujours doux avec Ses enfants égarés et, non offensé, demeure calme quand ils Le condamnent ou L’ignorent. Tous les hommes accordés sur la vibration divine sont bons et indulgents. Une personne gentille s’attire des amis sur terre et aussi, ce qui est plus important, attire le Seigneur, l’Ami de tous les Amis. Un homme spirituellement patient ne ressent pas de malveillance envers quiconque, même le plus malfaisant.

19.     La Modestie (hri) est le pouvoir de ressentir de la honte pour toute action nuisible et la volonté de se corriger soi-même. Un homme complaisant manque de modestie et développe un complexe de supériorité. Les dévots qui exagèrent leurs réussites spirituelles se détournent d’une recherche profonde la Réalisation. Un chercheur modeste gagne l’attention du timide et modeste Seigneur Tout-Puissant.
Les écritures enseignent que la modestie vis-à-vis du corps est une parure spéciale pour les femmes. Mais, lorsque je vois la grossièreté manifestée de nos jours entre les jeunes garçons et les jeunes filles, je dis que la modestie est une qualité dont les deux sexes ont grandement besoin. Un comportement impudent attire les mauvais compagnons qui satisfont leur désir et abandonne celui qu’ils ont utilisé injustement. La pureté de la modestie attirera son pendant vertueux.
La modestie en tant que sens de honte spirituelle est la marque d’une personne sensible qui reconnaît aisément ses erreurs lorsqu’elles lui sont montrées. Honteuse, elle les éradique. Un homme n’ayant pas développé une délicatesse d’âme est rebelle, sarcastique ou indifférent lorsqu’il lui est conseillé de s’amender. Le réel dévot est toujours modeste, aspire à atteindre Dieu en se débarrassant de toutes ses imperfections mortelles en suivant les conseils de son guru ou de ses supérieurs spirituels.
La capacité à ressentir de la honte est une qualité qui est source de noblesse, car elle mène finalement le chercheur de vérité à réaliser pleinement l’humiliation qu’il y a à être karmiquement forcé de renaître encore et encore dans un corps physique. Ce confinement obligatoire est étranger à la nature réelle de l’homme et offense l’âme sans limites.

20.     L’absence d’agitation (achapalam) permet d’éviter les errances physiques et mentales et les activités inutiles. La nervosité et l’agitation sont habituellement causées par une complaisance constante vis-à-vis des plaisirs des sens ou par des pensées négatives répétées ou des problèmes émotionnels ou par des traits « moteurs » comme l’ambition matérielle.
L’agitation est absente de la nature de Dieu ; le dévot devrait apprendre à abhorrer l’inconstance mentale et morale. Il devrait garder son esprit occupé non par des occupations sans but, mais par des activités spirituelles.

21.     Le rayonnement du caractère (tejas) provient du feu cosmique de la conscience suprême de Dieu, la flamme de l’éveil, à l’intérieur de l’homme et d’autres créatures sensibles. Sous forme de vitalité, tejas est présent dans tous les êtres, et dans les électrons, les protons et les atomes. Son énergie inextinguible soutient les activités de l’ensemble du monde phénoménal. À travers de longues méditations sur Dieu, le dévot devient imprégné de l’éclat de ce feu cosmique.
Tejas confère à l’homme une hardiesse mentale et morale et la radiation de confiance irrésistible dans la justesse qui émane des dévots qui ont senti à l’intérieur d’eux la caution du Pouvoir Divin. De telles expériences développent une nature spirituelle héroïque. De nombreux saints vaillants ont choisi le martyre plutôt que de renoncer à leur foi.
La radiance divine dans le dévot est également caractérisée par un déploiement naturel de magnétisme spirituel, une discrète aura vibratoire de divinité et une expression extérieure tranquille de profonde joie intérieure.

22.     Le pardon (kshama) dans l’homme de Dieu consiste à ne pas infliger, ou souhaiter infliger, une punition à ceux qui l’ont blessé ou lui ont fait du mal. Il sait que la loi cosmique veillera à ce que toutes les injustices soient rectifiées ; il n’est pas nécessaire et il est présomptueux d’essayer de hâter son fonctionnement ou de déterminer sa forme. L’objectif véritable et visionnaire du châtiment exercé par la loi immuable du karma est la rédemption spirituelle ultérieure du pécheur.
Cela ne veut pas dire que les malfaiteurs devraient avoir toute liberté d’agir. La structure sociale exige des contraintes pour sa survie. Ceux dont la tâche est d’appliquer des lois justes pour le bien-être de l’humanité agissent comme des instruments de la loi karmique. Leurs jugements devraient être rendus sans malveillance ou esprit de revanche. Même si la justice ne semble pas prévaloir, la loi karmique ne manquera pas de rééquilibrer la balance.
Le Mahabharata comporte le passage suivant : « Toute offense devrait être pardonnée. Il a été dit que la continuation de l’espèce était due à la capacité de pardon de l’homme. Le pardon est sacré, le pardon assure l’union de l’univers, le pardon est la puissance des puissants, le pardon est sacrifice, le pardon est la paix de l’esprit. Le pardon et la douceur sont les qualités de celui qui est Maître de Soi. Ils représentent la vertu éternelle ».
Lorsqu’un homme faible frappé par une brute dit : « Je te pardonne » et s’enfuit, il est vraisemblable qu’il soit motivé non par le pardon, mais par la couardise. Lorsqu’une personne puissante blessée par un ennemi témoigne de compassion et accorde son pardon au lieu d’écraser cet adversaire, il fait preuve de véritable pardon. L’esprit du pardon nait d’une longue pratique de discipline spirituelle et de la réalisation de notre indissociable fraternité humaine et divine.
Juste avant que Mahatma Gandhi ne meure en 1948, il souleva les mains de son corps déchiré par les balles pour accorder à l’assassin un humble geste de pardon. « Tous les sacrifices de cette vie désintéressée avaient rendu possible ce dernier geste d’amour », ai-je écrit dans un hommage au Mahatma.
Jésus, qui avait le pouvoir d’appeler à son aide « plus de douze légions d’anges »[6] ne résista pas à son arrestation et à sa crucifixion, et pria : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce font »[7]. Avec une clairvoyance divine, il était capable de distinguer l’homme de ses erreurs. Le Christ avait une compréhension parfaite du fait que chaque être humain est essentiellement une âme, un enfant de Dieu, dont la mauvaise conduite n’est pas l’expression de sa vraie nature, mais est causée par l’ignorance, le « non-savoir », l’état d’illusion terrible, mais non éternel, dans lequel les hommes tombent quand ils oublient leur véritable identité.

23.     La Patience ou Force morale (dhriti) permet au dévot de supporter les malheurs et les insultes avec équilibre. Les événements extérieurs ne peuvent pas l’ébranler, de même que les turbulences intérieures occasionnelles ne peuvent servir à le détourner du chemin et de l’objectif qu’il a choisis : la Réalisation de soi. En cultivant la stabilité, le chercheur de Dieu apprend à adhérer en toutes circonstances à des activités nobles dans le monde extérieur et à retenir les perceptions de la vérité qui viennent à lui durant ses méditations. Il s’accroche avec ténacité à ses expériences de béatitude et n’affaiblit jamais leur réalité en divertissant son esprit en s’adonnant à des intérêts inférieurs.
Cette patience infinie donne finalement au sage le pouvoir de comprendre Dieu. Dhriti élargit le champ de sa conscience jusqu’à ce qu’elle puisse contenir en son sein le vaste océan de la Divinité.

24.     La Propreté du corps et la Pureté de l’esprit (shaucha) manifestent le respect pour l’Esprit Immaculé qui vit en nous. Il a été dit que la propreté était proche de la divinité. Lorsque l’on se réveille le matin, le mieux est de se nettoyer le corps et la bouche avant de méditer. Mis à part les aspects pratiques évidents, nettoyer le corps avant la méditation est un rite de respect spirituel, une purification symbolique de soi-même en préparation du culte. La négligence peut distraire l’attention du dévot durant sa pratique des exercices spirituels, du monde intérieur vers le monde extérieur.
Une personne qui est physiquement propre et qui est également débarrassée des taches mentales des désirs incontrôlés et des pensées agitées peut effectivement inviter le Seigneur à Se manifester dans le temple purifié de sa vie. Lorsque l’esprit est calme, il devient un autel divin pour la présence de Dieu.

25.     L’Absence de haine (adroha) devrait être pratiquée par chaque personne. Un dévot qui ressent de la malveillance envers les autres perd le pouvoir de voir Dieu en tout. Un yogi aspirant à réaliser l’Esprit n’aveugle pas sa vision par de quelconques pensées ou actes d’aversion ou de trahison, même contre des pécheurs ou ses ennemis autoproclamés. Il s’efforce de percevoir en eux la présence de Dieu rédempteur et aimant.
Le Seigneur étant libre de haine, Il n’exclut personne de la sphère sans limites de Sa tendresse et de Son omniprésence. Similairement, celui qui est conscient du Divin dans toute la création ne peut pas détester un autre homme ou éprouver un sentiment de supériorité dédaigneuse.[8]

26.     L’Absence de vanité (na atimanita) signifie l’absence de fierté excessive. Le Seigneur est exempt d’orgueil bien que ses possessions et pouvoirs cosmiques soient infinis. Humblement dissimulé, il travaille en secret pour le salut de l’homme à travers le pouvoir propulseur de ses actions vertueuses et dans l’attraction silencieuse de Son amour inhérent à chaque âme.
Détenir quelques connaissances est dangereux dans la mesure où le dévot pourrait ressentir de la vanité et de l’autosatisfaction, en assumant à tort qu’il est ce qu’il sait. Il existe un proverbe qui dit que la fierté précède la chute. Une personne qui s’admire elle-même peut s’abstenir de faire des efforts supplémentaires. Elle tombe dans le gouffre de l’inertie qui l’empêche non seulement de réaliser d’autres progrès, mais diminue aussi tous les gains physiques, mentaux et spirituels qu’elle pouvait avoir acquis.
Seul celui qui est libéré du sentiment de son importance devient de plus en plus riche spirituellement jusqu’à ce qu’il ne fasse plus qu’un avec Dieu. La montagne de la fierté ne peut retenir la pluie miséricordieuse de Dieu, mais la vallée de l’humilité la recueille facilement.

CES 26 QUALITÉS sont toutes des attributs divins de Dieu, elles constituent la richesse spirituelle de l’homme. Un chercheur de Dieu devrait s’efforcer de toutes les obtenir. Plus il manifeste ces vertus, plus il reflète la véritable image intérieure de Dieu d’après laquelle il est fait. Il maintient toujours les critères de la Suprême Perfection devant ses aspirations. Le Christ a dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».[9]
Le Seigneur est « sans peur », car Il sait qu’Il est installé dans l’immutabilité immortelle. Il est « pur de cœur », car ses sentiments ne sont pas perturbés par des émotions fantasques, des attirances et des aversions. Il est l’unique conscience, l’unité (« yoga ») et l’intelligence (« sagesse ») qui sont la fondation de l’être et du devenir. En tant que source de tout, Il est « charitable », le donateur ultime de tous les présents. Il perçoit le domaine de la dualité à travers les sens de toutes les créatures, mais Il « transcende les sens », demeurant immergé dans la joie pure de son Soi omniscient. Toutes les activités du Seigneur sont yajna, les « rituels » cosmiques de création, de préservation et de dissolution grâce auxquels l’univers et les êtres évoluent et reviennent se dissoudre en offrande dans l’Esprit purifiant. Dieu est le Connaisseur, la Connaissance et le Connu, il est Lui-même les écrits Universels énoncés par les sages et les rishis et inscrits dans les ouvrages sacrés pour que l’homme étudie afin « d’éveiller son âme ». Il est la quintessence de l’« autodiscipline » (symbolisée par Shiva, le Seigneur des Yogis rendu divinement puissant par une austérité et une méditation formidables) toujours contenu dans Son propre Être malgré son engagement dans les activités cosmiques. La « droiture » du Seigneur est la justesse éternelle intransigeante et sans dissimulation inhérente à Sa nature.
Le Seigneur est « ahimsa », le refuge contre tout préjudice dans lequel il n’existe aucune intention de causer maux ou blessures à un être vivant. Le préjudice résulte d’une mauvaise utilisation du libre choix de s’identifier avec l’illusion de la dualité. Il est « vérité », la Réalité Unique – l’État de bénédiction infiniment existant, infiniment conscient, infiniment renouvelé – derrière toutes les apparences cosmiques. Il n’existe en Lui « aucune colère », aucun désir contrarié dans Son Soi ; le fonctionnement de Ses lois n’est pas une punition, mais un encouragement de son Amour. Il est l’emblème de la « renonciation » parfaite, joyeux dans Sa propre bénédiction, non attaché et comblé avec ou dans les objets de la lila de Sa création. Il est l’Infiniment Tranquille, l’« état de paix » immuable et stabilisateur sous-jacent au tumulte des activités qui se jouent à la surface de Son Être. Le Seigneur sans ruse « n’expose aucune faute », mais Il donne à l’homme le confessionnal solitaire de ses pensées et de sa conscience au sein duquel il peut s’analyser et se corriger avant que son propre mauvais comportement ne se retourne contre lui. Le Seigneur est celui qui souffre réellement dans tous les êtres. Par conséquent, Il est la gentillesse de l’empathie, la « compassion » infinie dans la grâce de laquelle tous les êtres peuvent se projeter. Bien qu’Il soit le créateur de tout, il est « libre de convoitise », offrant toutes Ses merveilles pour le fonctionnement évolutionnaire de Ses Lois et pour les innovations issues du libre arbitre de Ses enfants et recevant uniquement les offrandes symboliques qui viennent fortuitement de cœurs sages et aimants. S’il n’y avait la « douceur » de Dieu, Sa persuasion silencieuse et aimante d’involution qui crée l’unité et ramène la création à Lui, la violente disharmonie de la répulsion vibratoire se perpétuerait éternellement dans un état d’existence chaotique. Dieu est le modèle de la vertu, la « modestie » suprême ; aucun acte de Dieu n’est entaché d’inconvenance. Reposant dans Sa béatitude et sa sagesse, sans aucun « signe d’agitation » ; le Seigneur inactivement actif produit les univers et les êtres, non par une fantaisie capricieuse agitée, mais dans un but divin compris par ceux qui percent le voile de l’illusion.
Dieu est Omnipotence omniprésente, la « radiance » de la puissance divine qui confère et nourrit toute conscience et toute vitalité. Dans Son amour inconditionnel pour tous Ses enfants, le Seigneur « pardonne » suprêmement et les bénit non pas uniquement en fonction de leur petit stock de bon karma mais principalement à travers le pouvoir transcendant de Sa grâce. Les écritures chantent la « patience » éternelle du Seigneur, « Il est le visionnaire permanent, immobile, éternel de tout ». Il est l’inaltérabilité immuable, la « pureté » intacte, la lumière incorruptible de la création dans laquelle danse les ombres du bien et du mal, sans qu’elles ne la gâchent ni ne l’entachent. Étant donné qu’Il réside également en tout, aux yeux du Seigneur « rien n’est haïssable » : « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »[10] Souverain de tous les royaumes universel, le Seigneur tout puissant« exempt d’orgueil » tempère ses pouvoirs avec amour et demeure l’humble serviteur de son Royaume en maintenant la vie, la vérité, la beauté et l’amour au bénéfice de ses habitants.




[1] Matthieu 5 :8
[2] « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux » (Matthieu 7:12).
[3] Philippiens 4:7.
[4] Matthieu 7:1-5.
[5] Jean 8:7.
[6] Matthieu 26:53
[7] Luc 23:34
 [8] « Il existe une affinité organique entre la joie et la tendresse. L’extase religieuse, l’enthousiasme moral, l’émerveillement ontologique, l’émotion cosmique sont des états d’esprit unificateurs, dans lesquels le sable et les graviers de l’individualité tendent à disparaître et la tendresse à régner ». – William James. The Varieties of Religious Experience
[9] Matthieu 5:48.
[10] Matthieu 5:45